Destruction du barrage de Kakhovka : une bombe à retardement pour l’environnement

La destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine, en juin 2023, a libéré des sédiments hautement pollués contenant des métaux lourds. Des chercheurs alertent sur une menace environnementale majeure, encore largement ignorée, et appellent à une meilleure protection des infrastructures hydrauliques en zone de conflit.

Une pollution longtemps enfouie, brutalement révélée

L’explosion du barrage, situé sur le Dnipro près de Kherson, a provoqué l’inondation de vastes zones, causant plusieurs dizaines de morts et des milliers d’évacuations. Mais au-delà du drame humain et économique, c’est une pollution massive qui a été mise à jour : pas moins de 1,7 km³ de sédiments pollués, contenant jusqu’à 83 300 tonnes de métaux lourds toxiques issus de l’agriculture et de l’industrie, ont été exposés. Cette pollution est décrite comme une véritable « bombe toxique à retardement » par les chercheurs.

Une évaluation scientifique sans précédent

Malgré le conflit armé qui complique l’accès au terrain, les scientifiques ont croisé des observations, des images satellite, des modélisations hydrodynamiques et des retours d’expérience sur la suppression de barrages. L’étude révèle des dégâts écologiques majeurs : érosion, disparition de la végétation, effondrement des habitats, mortalité massive de la faune aquatique.

Et le risque ne fait que commencer : les pluies et crues futures pourraient relâcher davantage de polluants dans l’environnement.

Quelles réponses face à la menace ?

Les chercheurs recommandent des mesures d’urgence, comme la création de barrières de 15 km pour limiter la dispersion des sédiments et l’utilisation de plantes pour absorber les toxines relâchées par le barrage. 

Mais les scientifiques s’alarment surtout du manque de prise en compte politique : « Personne ne parle de l’impact des métaux lourds sur la chaîne alimentaire ou la santé humaine », déplore la responsable de l’étude. Les chercheurs estiment toutefois que 80 % de l’écosystème fluvial pourrait être restauré en cinq ans, à condition qu’une intervention rapide soit mise en œuvre.

Photo par teksomolika via Freepik.

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